Définition
La dysérection se définit par l’incapacité d’obtenir une rigidité du pénis suffisante pour accomplir un acte sexuel satisfaisant.
La prévalence de cette défaillance a été récemment évaluée par une enquête de la Sofres à 10 % avant 50 ans et à 25 % après 60 ans.
De plus en plus, l’homme consulte pour une dysérection depuis qu’il est de notoriété publique que des traitements peu invasifs existent (55 % de la population masculine en est informé).
L’examen clinique d’un patient doit être mené de façon méthodique, en vue d’effectuer un premier classement entre dysérection psychogène, dysérection organique ou dysérection multifactorielle.
Interrogatoire
C’est la pièce principale du dossier clinique. Il est mené de préférence en présence du couple. Il va permettre de dissocier les quatre composantes de la vie sexuelle : désir, capacité orgasmique, éjaculation, et enfin érection. Les trois premières composantes peuvent être intactes en dépit d’une insuffisance érectile.
Par ailleurs, la plainte du patient doit être correctement formulée pour déterminer où se situe la défaillance. Il existe des questionnaires validés* qui permettent de bien séparer ces différents troubles à l’aide de questions ciblées.
Si la dysérection est bien le motif de la consultation, il faut préciser :
– l’absence ou la présence d’érections réflexes. En effet, des érections réflexes existent pendant la phase de sommeil paradoxal (quatre à cinq érections de plusieurs minutes chaque nuit), ainsi qu’au réveil. Leur présence signifie que le système neurovasculaire est intact et que la dominante psychogène est au premier plan dans le mécanisme de la défaillance érectile ;
– la rapidité d’installation de l’impuissance. Une installation rapide, voire brutale plaide aussi en faveur d’une cause psychogène. En effet, une cause organique, notamment vasculaire, n’agit que progressivement sur l’érection qui perd peu à peu de sa durée et de sa rigidité ;
– les facteurs de risque qui sont à répertorier. Certaines maladies, ainsi que la prise de certains médicaments peuvent être à l’origine d’une dysérection :
• les maladies les plus communément en cause sont : l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies cardiovasculaires et athéromateuses, l’hypercholestérolémie, l’éthylisme, le tabagisme, les états anxieux, stressés ou dépressifs ;
• la liste des médicaments qui peuvent interagir de façon négative sur l’érection est longue. Les plus connus sont des antihypertenseurs, des hypocholestérolémiants et des psychotropes (notamment les
inhibiteurs de la mono-amine oxydase [IMAO]) ;
– les antécédents chirurgicaux ou traumatiques :
• la chirurgie pelvienne est, chez l’homme, une cause fréquente d’impuissance, du fait du nombre élevé de prostatectomies radicales pratiquées pour les cancers de la prostate ;
• les traumatismes médullaires graves avec paraplégie s’accompagnent de dysérection.
Examen physique
L’existence de signe d’hypogonadisme se remarque sur l’aspect du sujet, la répartition de la pilosité et la petitesse des testicules.
Cette cause est statistiquement rare. Dans l’ensemble, les facteurs hormonaux tel le taux de testostérone influencent peu le système érecteur.
Contrairement à l’opinion couramment admise en matière de vieillissement, les causes hormonales sont rarement à l’origine d’une dysérection du sujet âgé.
L’examen du pénis apprécie la souplesse des corps caverneux ou au contraire la présence de plaques de sclérose traduisant une maladie de Lapeyronie qui courbe la verge en érection plus qu’elle n’entraîne d’impuissance.
L’examen doit être complété par la prise de la pression artérielle, la palpation des pouls inguinaux et la recherche de troubles neurologiques à type de modification de la sensibilité de la région génitale et génito-crurale. Cet examen se termine par la recherche du réflexe bulbo-caverneux visant à
mettre en évidence une neuropathie pelvienne.
À l’issue de cette approche clinique, il est souvent possible de préciser la variété de la dysérection :
– en faveur d’une cause organique : début progressif, disparition des érections réflexes nocturnes ou matinales, antécédents de chirurgie pelvienne ;
– en faveur d’une cause psychologique : début brutal, contexte psychoaffectif conflictuel, persistance des érections réflexes. Parfois état dépressif dont la dysérection peut être une circonstance de découverte.
Investigations complémentaires
Elles sont actuellement simplifiées. Les explorations invasives ne sont plus de mise, car elle ne débouchent pas sur une véritable aide au traitement.
Les explorations se limitent à un bilan biologique explorant les différentes affections incriminées dans la dysérection : diabète, hypercholestérolémie, insuffisance rénale chronique. Le dosage de la testostéronémie ne se justifie qu’au-delà de la cinquantaine ou s’il y a des troubles de la libido.
S’il faut aller plus loin dans les explorations complémentaires, il faut obtenir l’accord du patient et, éventuellement, de sa partenaire. Le patient sera alors confié à un spécialiste en vue de réaliser, en cas de suspicion d’organicité, un enregistrement de la rigidité pénienne nocturne, voire une étude
de la perméabilité des axes vasculaires péniens par échodoppler après injection locale d’un vasodilatateur et une étude de la conduction des fibres nerveuses destinées au périnée.
En présence d’une impuissance psychogène rebelle, le patient pourra être confié à un sexothérapeute avec toutes les réserves d’usage.
À l’heure actuelle, compte tenu de l’efficacité des médications favorisant le maintien d’une vasodilatation dans les corps caverneux (Sildénafil* et autres), l’approche thérapeutique est simplifiée. Ce type de médication est bien souvent prescrit au terme de la première consultation, après vérification de la normalité du bilan biologique. L’échec entraîne le recours aux explorations
complémentaires menées par un spécialiste.
Au terme de l’examen d’un patient se plaignant d’une dysérection, il faut pouvoir expliquer, informer et surtout rassurer, car pour 80 % des impuissances, il y a des solutions thérapeutiques : l’arsenal des thérapies est bien fourni : traitement per os, injection de vasodilatateur dans les corps caverneux et enfin prothèses péniennes. Les cas les plus rebelles et les plus difficiles à traiter sont ceux qui surviennent chez des patients anxieux et dépressifs.
Conclusion
La possibilité de traiter efficacement une dysérection devenant de notoriété publique, de plus en plus d’hommes consultent pour ce trouble.
La dysérection peut être primaire, psychogène, organique ou plus souvent multifactorielle. La dysérection peut être secondaire, séquelle d’une chirurgie pelvienne, notamment d’une prostatectomie radicale pour cancer de la prostate. Cette dernière cause est en augmentation régulière.
L’examen clinique est bien souvent déterminant pour établir un diagnostic étiologique conforté par des examens complémentaires moins complexes et moins agressifs qu’avant.
L’arsenal thérapeutique est bien fourni et des solutions satisfaisantes peuvent être apportées dans plus de 80 % des cas de dysérection.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire